L’augmentation de la résistance aux antibiotiques constitue un défi majeur pour la médecine moderne. L’usage répété de ces médicaments entraîne l’émergence de bactéries de plus en plus résistantes, compromettant ainsi leur efficacité et limitant les options en matière de traitement. Brandon Findlay, professeur associé à l’Université Concordia, dirige un groupe de recherche en biochimie et biologie afin d’analyser ce phénomène. Son objectif est d’anticiper l’évolution des bactéries en milieu clinique et de mieux comprendre les mécanismes de résistance.
Pour cerner cet enjeu, l’équipe du chercheur a mis au point une méthode innovante avec la plateforme SAGE (Soft Agar Gradient Evolution), qui permet d’observer in vitro et en accéléré l’augmentation de la résistance de bactéries placées dans des milieux de culture qui renferment différents gradients d’antibiotiques. En suivant ainsi leur évolution, l’équipe de recherche a constaté que les bactéries qui avaient développé une résistance à un antibiotique donné avaient une vitesse d’adaptation réduite face à un nouvel antibiotique. Ces observations suggèrent qu’en clinique, des « thérapies séquentielles » – où un antibiotique est utilisé à la suite d’un autre – de différents antibiotiques pourraient demeurer efficaces, malgré l’apparition de résistance. Identifier les antibiotiques les plus appropriés aiderait les cliniciens à prescrire des thérapies séquentielles qui s’avèrent moins exposées à la résistance.
Ces expériences ont aussi permis d’établir que la résistance à un antibiotique peut engendrer une vulnérabilité accrue à d’autres composés, un phénomène appelé « sensibilité collatérale ». Cette découverte a mené à l’identification d’une molécule, la perforone, qui restaure la sensibilité des bactéries à la polymyxine B, un antibiotique de dernier recours. En collaboration avec d’autres chercheurs, l’équipe a entrepris de cibler et de valider de nouveaux antibiotiques potentiels, notamment une formulation du peptide antimicrobien GL 13K contre Pseudomonas aeruginosa, un agent pathogène difficile à traiter.
Ces travaux montrent qu’il est possible d’utiliser les traitements antibiotiques existants de manière plus efficace et ouvrent la voie à de nouvelles thérapies qui offrent des perspectives prometteuses pour la lutte contre les infections bactériennes.
Références
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